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Digital 21.01.21

Jeux Interdits : le Japon à l’heure du Covid 19

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L’été 2020 devait être celui des JO et des touristes venus en nombre visiter l’archipel, ce fut finalement celui du coronavirus et d’un plongeon historique du PIB de 7,8%, du jamais vu. Entre le soulagement d’avoir malgré tout échappé au pire, et la peur du lendemain et d’un rebond de la pandémie toujours possible, petit tour d’horizon de l’économie japonaise à l’heure du COVID 19.

La vue est imprenable. Depuis les larges fenêtres de la suite junior, au seizième et avant-dernier étage d’une tour de béton ultra-moderne, on l’aperçoit au loin. C’est là-bas, dans le tout nouveau stade olympique, qu’aurait dû se tenir le 24 juillet dernier la cérémonie d’ouverture des XXXIIe Jeux Olympiques. L’hôtel Sequence Miyashita devait ouvrir quelques semaines avant, tout comme l’ensemble du complexe Miyashita Park situé en contrebas. Gucci, Louis Vuitton, Prada mais aussi Kith ou Adidas, toutes les enseignes qui comptent et bien plus encore sont réunies là. Au total, près de 90 boutiques et restaurants ouverts depuis la fin juillet au coeur d’un quartier de Shibuya que les habitués ne reconnaissent qu’à peine.

Vu d’Europe et du reste au monde cela peut sembler pour le moins anachronique, mais depuis la mi-juin la capitale nipponne est prise d’une frénésie d’ouverture : c’est Harajuku qui se réinvente avec sa toute nouvelle gare et, juste en face, WITH HARAJUKU, complexe dont l’arme fatale est le premier magasin Ikéa situe dans le centre de la ville. C’est le tout nouveau shopping mall Atré à Takeshiba, avec sa sélection de restaurants, cafés, etc. et sa vue sans égale sur la baie de Tokyo. Ou encore le fraîchement ouvert  NEWoMan de la gare de Yokohama. Dessiné par Tsuyoshi Tane, il reprend la recette gagnante de son cousin de Shinjuku, à savoir : un lieu ultra-accessible puisqu’il jouxte la gare, pointu dans sa selection des marques du moment et au design moderne, résolument tourné vers l’experience du consommateur. La liste est encore longue, on pourrait y ajouter Shiseido et Uniqlo, deux icônes de l’économie japonaise qui sortent le grand jeu en ouvrant l’um et l’autre un flagship à Ginza, symbole s’il en est du Tokyo du luxe, sans complexe.

De nombreux secteurs en difficulté

La réalité des chiffres est elle plus terre à terre : les grands magasins peinent à retrouver leur clientèle, et les 30% de baisse annoncés au mois de juillet passeraient presque pour une bonne nouvelle. Il est vrai qu’en avril et mai, la moyenne était plutôt autour des 70 voire des 80% de moins par rapport au printemps précédent. Difficile de trouve un secteur qui échappe à la crise : la restauration connaît une chute sans précédent, avec des réservations en berne et un nombre de couverts souvent divisé par deux, en attendant des jours meilleurs. Dans l’hôtellerie, une attachée de presse nous confie qu’un des hôtels dont elle s’occupe avait prévu de multiplier ses tarifs par 5 pendant les JO. Las, il a fermé lorsqu’a été proclamé l’état d’urgence, début avril, et ne rouvrira pas. Quant au K5, boutique hotel ouvert tambours battants en février, il ne propose à la réservation que la moitié de ses chambres, un étage sur deux. « Même comme ça, on peine à remplir. Le week-end, ça va à peu près, mais en semaine c’est très compliqué. » nous confie Yuka Ota, co-fondateur de l’hôtel et investisseur japonais longtemps basé à Singapour.

Les marques de mode peinent à écouler leurs stocks

La mode ne fait pas beaucoup mieux : outre les grands magasins cités plus eux, les marques multiplient les soldes spéciales, histoire de se débarrasser des stocks accumulés depuis avril et ce alors que la nouvelle collections Automne-Hiver tout juste arrivée en magasin peine à trouver preneur. Avec ici deux groupes : d’un côté, les marques qui ont pris à l’heure et dans le bon sens le train du digital, et de l’autre celles qui ont pris du retard à l’allumage et le regrettent amèrement. Les premieres limitent la casse quand les secondes mettent les bouchées doubles, mais un peu tard… Les défaillances sont encore peu nombreuses, la plus médiatisée fut celle du groupe Renown. Mais les rumeurs vont bon train. Ici aussi, l’automne pourrait être meurtrier et à en croire les oreilles averties, même les maisons que l’on pense les mieux établies ne sont pas à l’abri. Quant aux grands magasins, s’ils sont encore près de 250 dans le pays aujourd’hui, les experts s’accordent pour dire qu’il ne devrait pas en subsister beaucoup plus de la moitié d’ici quelques années.

La petite maroquinerie tire le secteur du luxe

Même son de cloche ou presque pour le luxe : si les mois de juin et juillet ont été porteurs d’espoir, avec pour bon nombre de marques une reprise plutôt encourageante – la petite maroquinerie semble y être pour beaucoup – le hausse soudaine du nombre de nouveaux cas de COVID 19 dans l’archipel depuis la fin juillet inquiète beaucoup. « Bon an mal an, nous avons réussi à surmonter l’arrêt quasi total de nos activités en avril et mai » témoigne le CEO d’une grande maison de luxe. « Chacun avec ses moyens : certaines marques ont boosté leurs ventes sur le web, d’autres ont continué à accueillir des clients en boutiques coûte que coûte. Mais aujourd’hui le constat est le même : si nous devions refaire face à une situation comme celle vécue au printemps, des restructurations seront inévitables. Et ça, personne n’en a envie. » Les jeux ne sont pas encore faits, mais une chose est sûre : à Tokyo non plus, l’heure n’est plus à la fête.

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