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Jeanne-Aurore 16.12.20

Les nouveaux codes de la French Touch vu par Vincent Grégoire

Décryptages

Quelles sont les valeurs portées par la French Touch actuelle ? pourquoi sont-elles si attractives ?

Quelles sont les valeurs portées par la French Touch actuelle ? pourquoi sont-elles si attractives ?

La fascination pour l’exception culturelle française est plus forte que jamais. Nous vivons dans un monde où tout est lissé, vidé d’aspérité, et, en réaction, le fait de se re-localiser dans un paysage culturel bien défini est excessivement attrayant. Si la « French Touch » a un petit côté tarte à la crème, il faut se rappeler que les clichés français – de la petite robe noire de Chanel, à la 2 Chevaux, en passant par la Tour Eiffel – ont dans leur ADN d’avoir été de véritables disruptions. Et ce qui séduit aujourd’hui, c’est cette idée que les emblèmes français se réinventent sans cesse. On le voit en ce moment avec l’explosion de la French tech, de lieux innovants comme Station F ou l’Ecole des Gobelins qui constituent d’immenses réservoirs de talents (de codeurs, de créateurs de jeux vidéo ou films animés)…

Les Français ont cette réputation d’iconoclastes qui aiment faire les choses différemment… et ça nous réussit. Il suffit de voir le succès du musicien et producteur DJ Snake, le Français le plus écouté au monde, ou dans la mode, d’un innovateur comme Jacquemus, du cinéaste Ladj Ly nommé aux Oscars, du street artist JR. Ce qu’on aime dans la French Touch, c’est cette façon de réinventer la tradition en brisant les codes. Allez voir la queue que forment les touristes venus déguster les pâtisseries innovantes de Cédric Grolet dans sa nouvelle boutique avenue de l’Opéra !

Qui sont les icônes qui portent ce renouveau française ?

Ces dernières années ont vu l’essor d’un french cool porté par de petites maisons qui tablent sur l’humour, la solidarité, le fait de produire et penser en bande. C’est une nouvelle manière de vivre la tradition, plus modeste, plus vertueuse, qui s’incarne dans des labels tels que Côme et ses vêtements aux broderies feel-good, Maison Fragile et ses porcelaines de Limoges poétiques, Maison Bully ou La Bouche Rouge qui réinventent le savoir-faire cosmétique, ou encore Veja, qui est devenu la référence mondiale de la basket éthique. Plus qu’une icône en particulier, ce qui frappe c’est le foisonnement de talents ! L’univers de la musique est particulièrement révélateur. Du rappeur Orelsan  à la chanteuse Jain en passant par Christine and The Queens, tous trouvent un écho international, ce qui prouve le désir pour une France qui innove et regarde vers demain, que ce soit avec de nouveaux sons, de nouvelles marques ou manières de produire.

La Parisienne a-t-elle changé ? quel est son nouveau visage ?

Ce qui a changé c’est que l’on n’a plus envie de parler de « la » Parisienne – blanche, bourgeoise, aisée -, qui semble moins d’actualité,  mais des parisiennes. On s’éloigne de ce stéréotype figé dans un bon goût trop lisse et uniforme. Ce qui nous aimante aujourd’hui, c’est moins un Paris idéalisé que l’héritage de cette capitale cosmopolite qui, des Années Folles de Montparnasse à aujourd’hui, a toujours su être terre d’accueil, melting pot ouvert aux artistes de tous horizons. La Parisienne d’aujourd’hui, c’est celle qui va aussi bien porter une pièce chinée chez Emmaüs, qu’une paire de Air Jordan signée Maison Château Rouge, qu’un sac griffé (mais trouvé sur Leboncoin !). C’est une Aya Nakamura, qui va se produire prochainement au festival de Coachella. Ce sont les stylistes Marine Serre, ou Christelle Kocher, qui font bouger les lignes en donnant une vision renouvelée de l’artisanat. En résumé, la marinière, pourquoi pas… mais rebrodée de fils LED !

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