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Timothée Richard 16.12.20

Les nouvelles frontières de l’uniforme

Décryptages

En notre temps teinté de retour au fonctionnel, le « total look » ne connait pas seulement un regain, il irradie l’image de la femme décomplexée.

La dernière Fashion Week de Paris nous a appris quelque chose que nous pouvions ressentir et qui a été clairement confirmé l’année dernière : le streetwear vit une première fin de cycle. Actant un premier départ de la période faste du mélange entre « logomania », collaborations en tous genres, et d’un certain flou entre les univers – du luxe, de la mode et du sport.

« Keep it simple, stupid »

Côté consommateur, ce retour aux sources – largement inspiré par la philosophie KISS « keep it simple, stupid » chère aux ingénieurs de l’US Air Force – est un message qui s’est largement imprégné. Permettant d’insister sur un Ré-équilibre avec l’esthétique bourgeoise – de Balenciaga à Céline – mais aussi sur l’importance du concret, du « basique avec un point de vue » pour reconquérir une consommatrice parfois noyée dans le snobisme et la complexité.

Si pour elle, l’uniforme ne rime plus avec bien-pensance – une donnée qui a été étudiée par Vogue l’année dernière – des marques à l’esprit plus créatif émergent :

Peter Do, relayée par The Face Magazine comme le nouveau « look de base » des « femmes réelles » à New-York (au milieu d’Eckhaus Lattaet Gypsy Sport), mais aussi Ernest_w_Baker, Mother of Pearl en Grande-Bretagne, ou encore Ganni, la nouvelle référence de l’inconditionnel au Danemark.

S’appuyant toutes sur les usages post #MeToo, revendiquant un nouveau langage, de nouveaux codes autour du « faussement simple », et fédérant une communauté désireuse de rompre avec l’esprit d’antan autour de la femme confidentielle.

Inspirées par ces valeurs de l’#empowerment et de l’#effortless, associées à l’idée d’une féminité sans retouches, Mathilde Gindre et Sarah Nimir, créatrices parisiennes qui ont lancé salut beauté cet été adoptent aussi cette vision décomplexée de l’uniforme.

Un duo audacieux « dare to pair » qui n’est donc plus un sujet cantonné à l’armée, au travail, à l’école et encore moins au sport. Mais qui s’inscrit dans l’imaginaire du quotidien, s’expose sur les réseaux sociaux, et va jusqu’à inciter les femmes à adopter une version plus affranchit d’elles-mêmes.

Des marques qui bousculent leur esthétique de communication

Et les grands acteurs ne sont pas en reste… A l’image d’Off-White dont les uniformes de sa collection Women SS20 comptent parmi les plus iconiques de la marque. D’autres ont aussi choisi de réinterpréter le look total pour mettre en valeur un monochrome expressif – Elie Saab, Jacquemus, Moncler, Kevin Buitrago… – symbolisant à nouveau un socio-style axé sur la symbiose entre féminité et fonctionnalité.

Chez Berluti, il est aussi un moyen affiché pour 2020 de transcender les tendances. Et de proposer une complicité entre l’Homme et la Femme à l’ère de la remise en cause des rôles de chacun. La marque veut ainsi s’inscrire dans l’intemporel, la simplicité, comme pour redéfinir une certaine élégance naturelle à l’italienne, où la femme reprend le pouvoir sur le regard qu’on lui porte.

Mieux armé pour durer

Dans cette idée, à la manière du travail qu’a proposé Craig Green en 2016, comme celui de Rei Kawakubo et de Martin Margiela auparavant – des designers qui n’ont pas peur de se retirer de la course au « plus » et au superflu pour se recentrer sur du bon sens – d’autres noms font de l’uniforme un moyen de faire passer le message d’une stabilité nouvelle – à la fois sociale et identitaire – et d’un retour acté aux conventions.

Parmi elles, Wardrobe.nyc et Commissiondeux des marques les plus cotées à présent à New-York. Moins de couleur, plus de monochrome minimaliste (blanc, noir, cuir naturel) et un design épuré, parfois classique inspiré des années 80, remis au goût du jour.

D’autres comme Uniforms For the Dedicated, à la culture scandinave, insistant sur la matière (la laine, le feutre, le coton et la toile plus épaisse) tendent à maximiser l’effet de rupture par le retour parallèlement à une prose classique, des produits « faussement simple » et un prêt-à-porter plus clair et intuitif pour le consommateur d’aujourd’hui.

Image à la Une : Salut beauté

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