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Timothée Richard 16.01.21

Modern sex education

Décryptages

Boudée par les institutions publiques, l’éducation sexuelle devient l’apanage d’une génération autodidacte qui prend les rênes de sa sexualité et l’exprime à travers ses propres armes.

Le gap générationnel, les nouveaux moyens de communication et les bouleversements profonds qu’ils promettent redéfinissent et accélèrent nos réflexions sur la sexualité. Les millenials et Gen Zers n’attendent plus des personnes morales qu’elles leurs administrent une éducation sexuelle complète et cohérente. Ils élaborent leur propre doctrine de la sexualité qu’ils expriment au prisme de l’inclusivité et de la transparence. 

Une approche plus réaliste et pertinente qui va de pair avec les modes d’expression que ces générations vénèrent : les réseaux sociaux, les séries engagées et des campagnes marketing de plus en plus créatives…

Les nouveaux ABC du sexe

Jusqu’ici cantonnée aux mécanismes de reproduction, à la contraception et aux risques des maladies sexuellement transmissibles, l’éducation sexuelle s’ouvre aujourd’hui à une culture plus axée sur le plaisir et l’épanouissement, et qui trouve ses racines dans les outils numériques. 

Des sites comme Pussypedia – qui propose une carte interactive de l’anatomie féminine et des sujets inclusifs comme l’handicap, les problèmes sexuels non infectieux, les rapports LGBT+… – ou encore Brook, sont de bons exemples d’alternatives qui comblent le vide d’informations sur le sujet. 

Des solutions auxquelles s’ajoute l’activisme de la génération Z qui prend forme dans des blogs créés par des adolescents pour des adolescents. Comme Killer and a Sweet Thang (KAAST), une plateforme éducative créée par l’américaine Eileen Kelly (@eileen) alors qu’elle n’a que 16 ans pour partager ses expériences et interrogations sur le sujet. Son but : permettre à ses semblables de découvrir la sexualité de la manière la plus honnête possible, loin des clichés de la pornographie. 

KAAST existe également aujourd’hui en tant que marque à travers une ligne de vêtements qui revendique une vision décomplexée de la sexualité. Une collection qui n’est pas sans rappeler le positivisme sexuel et la désinvolture de la marque française Carne Bollente qui entame depuis sa création en 2014, une conversation sexuelle avec la mode par ses illustrations érotiques. 

Les podcasts qui pullulent déjà le net, sont également sollicités pour prodiguer une sexualité narrative à travers des histoires fictives qui invitent à embrasser ses fantasmes par le son plutôt que par l’image. Un érotisme sonore démocratisé en France par le site VOXXX (pour les femmes) – COXXX (pour les hommes) -, et par l’application Dipsea chez les anglophones, qui stimule l’imagination, encourage l’autonomie, et destigmatise l’excitation sexuelle. 

Puis il y a l’application Juicebox, un coach virtuel de « dirty talk » créé en collaboration avec des éducateurs sexuels et des écrivains de fictions érotiques qui apprend à exceller dans l’art du salace. Une manière de rendre cette pratique moins honteuse et pudique.

De marque de bien-être à guide sexuel 

En février dernier, le site d’informations anglais Creative Review créait sa ligne éditoriale « Love, Sex & Creativity » afin de plonger les lecteurs « dans les eaux profondes de l’amour et du sexe – d’examiner comment les artistes, écrivains et créatifs explorent le sujet ; et de regarder les marques qui changent les attitudes ». Preuve que les médias se penchent sur la question autant que le sujet se généralise. 

Des marques aux identités progressistes et modernes tendent en effet à pousser progressivement la catégorie du bien-être sexuel dans le courant dominant. La marque de soins Blume, dont l’ambition est de réconcilier les adolescents avec la puberté, a lancé fin 2019,  The States of Sex-Ed, sa propre initiative de sensibilisation en faveur d’un apprentissage de la sexualité « factuel et complet ».

Une approche éducative suivie par la marque de santé sexuelle féminine Hers – Hims pour les hommes – qui a lancé son blog de bien-être Savoir Vivre afin d’aborder des conversations décomplexées sur l’acné, le désir sexuel, les MST etc… avec un message franc qui ne laisse pas place aux tabous.  

L’essor des séries « sex-positive »

Impossible de clore le sujet sans parler de la série Netflix « Sex Education » qui apporte sa dose de rafraichissement et de légèreté en la matière. Loin des séries aseptisées des années 2000, elle offre une sexualité désinhibée et dé-stéréotypée sur un plateau, assortie d’une teinte d’humour bienveillante.

Nous l’avons évoqué dans notre article dépeignant la pop-culture en 2020 : la série Sex Education a transformé la fiction en un véritable outil de communication en élaborant son Petit Manuel pour annoncer la sortie de sa saison 2. Une campagne de sensibilisation pour une sexualité plus épanouie – imagée par l’artiste et photographe belge Charlotte Abramow – qui associe des questions comme le consentement ou la masturbation à une créativité résolument progressiste. 

Les comptes Instagram à suivre…

 @lecul_nu                                    @jouissance.club                                @pwordpedia

Crédit image de couverture : © Le Petit Manuel Sex Education x Charlotte Abramow

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